Opinion
November 24, 2021

Si elles adoptent la bonne démarche, les TPE disposent d’atouts pour réussir leur passage au numérique

par
Olivier MONCLAR

L’étude IFOP / Mastercard sur la digitalisation des TPE publiée en février 2021 nous apprend que 67% des entreprises sondées appréhendent le passage au numérique qu’elles considèrent comme un passage obligé et non comme une opportunité. Si la crise sanitaire a été un « vecteur de digitalisation » pour 18% des entreprises sondées, la perception des gains attendus reste assez faible. Ainsi, parmi les répondants seuls 19% estiment que le digital peut leur permettre d’augmenter leur chiffre d’affaires ou encore 13% estiment pouvoir gagner en temps et en efficacité. Ce sondage rappelle qu’un investissement important doit être mené en termes de sensibilisation et d’apprentissage pour amener ces entreprises vers leur ligne de crête numérique. Il nous rappelle aussi la nécessité d’écouter et d’adapter l’approche à ces entreprises qui représentent tout de même à elles seules 2/3 des structures françaises.

Les TPE disposent d’atouts intrinsèques pour une digitalisation réussie.

De nombreuses entreprises échouent dans leur transformation numérique. Dans un article récemment publié dans la revue Harvard Business Review, Vincent Giolito analyse les principales causes d’échec des projets de digitalisation. Parmi les trois causes citées il mentionne notamment une surestimation du potentiel digital ainsi qu’une sous-estimation des détails opérationnels

Si ces sources d’échec stratégiques trouvent toute leur place au sein d’entreprises de plus grande taille, il semblerait que les TPE disposent donc d’atouts pour réussir leur digitalisation. Au regard des résultats de l’étude IFOP il est difficile d’imaginer que ces structures de petite taille soient sous l’influence d’une « pensée magique » du digital pour reprendre une expression de l’auteur. En effet, les chances sont faibles de tomber sur des dirigeants de TPE qui ont décidé que l’intelligence artificielle est au cœur de leur stratégie si cela ne correspond pas à une réalité constatée sur le terrain. Difficile encore d’imaginer qu’une entreprise de moins de 10 salariés souffre de déconnexion avec ses réalités opérationnelles ou encore de l’existence de silos - cela doit arriver mais moins fréquemment tout de même ! 

Mais il ne faut pas brûler les étapes.

Le passage au digital nécessite de s’informer et de faire preuve de curiosité pour disposer d’une bonne connaissance du panel de solutions existantes. Mais en préambule la démarche doit avant tout être tournée vers ses propres réalités et un décryptage de l’apport spécifique du numérique pour renforcer son business.

Quelques étapes possibles pour y arriver.

D’abord poser le cadre de l’évolution du business dans les années à venir en analysant les menaces et opportunités sur son marché. Quelles sont les tendances clés qui vont impacter la demande sur son marché ? Quelles sont les innovations technologiques qui vont faire évoluer l’offre de produits ou de services ou encore la façon de travailler ? Quelles réglementations vont avoir un impact sur la façon de travailler avec ses clients, ses fournisseurs et quel sera l’impact sur les coûts ? Enfin quelles sont les évolutions concurrentielles à prendre en compte ? Par exemple faut-il craindre une baisse des prix avec l’arrivée de nouveaux acteurs qui proposent une offre en ligne ? Une telle démarche peut être menée avec souplesse et doit apporter des réponses simples. 

Ensuite, construire son propre plan en sélectionnant les sujets et actions prioritaires à mener pour se préparer. Si l’évolution de la demande des clients nécessite de développer une offre en ligne alors le e-commerce est certainement un axe prioritaire à creuser. Mais si cela n’a pas de sens au regard de la nature du service vis-à-vis du client, cette option pourra être éliminée car elle n'apporte pas de valeur au business. Si la gestion des relances client peut-être automatisée il peut être pertinent de mettre en place une solution adaptée et de mobiliser les ressources internes sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Ce plan devra prendre en compte le montant d’investissement estimé et les gains attendus qualitatifs ou financiers.

Il s’agit enfin de se mettre en ordre de marche. C’est un challenge pour des petites entreprises qui ne disposent pas des compétences en interne et peuvent donc se trouver démunies face à ce leur manque d’autonomie. L’innovation digitale offre cependant une opportunité: celle de pouvoir “assembler” des briques d’innovations en s’appuyant sur de nouveaux partenaires. Il est ainsi possible de digitaliser une grande partie de ses activités en passant par des spécialistes qui apporteront chacun à leur niveau une réponse à une problématique précise. Il ne s’agit donc pas d’une solution globale mais d’autant d’actions à mener que de priorités identifiées.


Si l’étude menée par l’IFOP rappelle la nécessité d’accompagner et de former les TPE à l’apport de la digitalisation pour les renforcer dans leur développement, cette démarche doit s’attacher à les aider à se poser les bonnes questions. “Small is beautiful” ! Elles connaissent leur marché, leurs clients, leurs concurrents et à ce titre elles disposent d’atouts évidents pour exploiter le numérique comme un levier pour se renforcer et développer leur activité. 


Sources:

“Les dirigeants de très petites entreprises de 1 à 9 salariés et la digitalisation de leur entreprise dans le contexte de crise sanitaire” étude IFOP en partenariat avec Mastercard - février 2021

https://www.ifop.com/publication/les-dirigeants-de-tres-petites-entreprises-de-1-a-9-salaries-et-la-digitalisation-de-leur-entreprise-dans-le-contexte-de-crise-sanitaire/


“Les trois erreurs stratégiques qui font dérailler la transformation digitale… et comment les éviter” par Vincent GIOLITO - mai 2021

https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2021/05/35453-les-trois-erreurs-strategiques-qui-font-derailler-la-transformation-digitale-et-comment-les-eviter/

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